IV - Chacun son chemin... de croix (1993-2000)
Diablotin pop à mille facettes, soigneusement façonné par Eric Drew Feldman, Frank Black déboule dans les bacs en mars 93. On apprend par son livret qu’un certain Joey Santiago a participé aux sessions comme «musicien additionnel». L’album a beau se vendre plutôt bien en Grande-Bretagne et en France, il est boudé par la plupart des fans des Pixies, qui lui préfèrent le Last Splash des Breeders, beaucoup moins sophistiqué mais nettement plus rock.
Entre deux tournées strictement américaines, Charles, plus prolifique que jamais, trouve le temps et l’énergie d’enregistrer Teenager of the Year, son meilleur album à ce jour (et très certainement l’un des meilleurs albums indés de la décennie), qui sort en mai 94. De nombreux critiques qui avaient encensé Frank Black un an auparavant négligent bizarrement ce monumental opus de vingt-deux titres, qui ajoute à la pop chatoyante de son prédécesseur une bonne dose de piment rock. Du coup, les ventes peinent à décoller, même en Europe. Charles comprend que, journalistes ou simples fans, la plupart des admirateurs des Pixies étaient disposés à lui pardonner une fantaisie solo, mais pas deux. Son amertume est d’autant plus grande que Kim et ses Breeders, de leur côté, ont fait un malheur avec leur deuxième LP…
L’année 94 n’est pourtant pas rose pour Kim. Un an après le triomphe de Last Splash, elle est lâchée par sa sœur Kelley, tombée dans la drogue, puis par Josephine Wiggs, et se voit contrainte de reprendre sa carrière solo à zéro. Qu’à cela ne tienne, elle recrute deux obscurs musiciens de Dayton, sa ville natale qu’elle n’a jamais vraiment quittée, pour fonder les Amps et enregistrer avec eux un album éponyme qu’elle a préparé et rodé seule chez elle (le meilleur de sa discographie d’après l’auteur de ces lignes).
L’année suivante, c’est Charles qui est lâché… par 4AD, pour résultats insuffisants. Mais le bonhomme a autant de ressort que son ex-bassiste. A peine largué par son label historique, il s’en va signer sur American Recordings, la prestigieuse maison de Rick Rubin. Et sort peu après The Cult of Ray (1996), une galette de bon gros rock, minimalement produite par lui-même, qui tourne complètement le dos à ses deux premiers albums solo. The Cult est un nouvel échec commercial, plus cinglant encore que Teenager. Charles est obligé d’enchaîner les concerts des deux côtés de l’Atlantique pour arrondir ses fins de mois, ce dont il ne se plaint pas trop d’ailleurs.
Loin de faire marche arrière, il décide de radicaliser son nouveau style en proposant, en guise de quatrième album, une douzaine de démos enregistrées avec les trois mercenaires (Lyle Workman, jeune prodige de la guitare, auteur des plus beaux solos de Teenager, David McCaffrey, basse, et Scott Boutier, batterie) déjà présents sur The Cult. C’en est trop pour American Recordings, qui a bien voulu fermer les yeux sur l’échec du Cult mais attendait quelque chose de différent pour se rassurer. Il faudra plusieurs mois à Charles pour dénicher un label disposé à sortir ses précieuses démos.
Frank Black and the Catholics – tel est le nom fantaisiste de son groupe, suggéré par sa femme Jean – sort finalement en mai 98 chez Play It Again Sam (en Europe) et SpinArt (aux USA). Bien que plus égal et plus agréable que The Cult, il attire surtout l’attention par son côté live et carré, qui le distingue nettement de la production du moment. Plutôt bien reçu par la critique, il n’a cependant pas droit à plus de quelques lignes dans une presse rock qui, à de très rares exceptions près, a décrété une bonne fois pour toutes que Frank Black ne pourrait jamais égaler Black Francis.
Charles n’en a cure. Tout heureux d’avoir retrouvé un label, il n’attend que quelques mois pour sortir, début 99, son cinquième opus solo, Pistolero, privé du génie de Lyle Workman mais consciencieusement servi par Rich Gilbert, guitariste polyvalent et expérimenté. Plutôt décevant malgré quelques titres inspirés et des riffs parfois redoutables, Pistolero semble en fait réunir les déchets de son prédécesseur (la plupart de ses titres ont d’ailleurs été composés en 1997, en même temps que ceux de Frank Black and the Catholics). Il est boudé par le public et descendu en flammes par la critique, qui n’attendait sûrement qu’un album moyen de Frank Black pour se déchaîner sur l’assassin des Pixies.
Entre deux tournées strictement américaines, Charles, plus prolifique que jamais, trouve le temps et l’énergie d’enregistrer Teenager of the Year, son meilleur album à ce jour (et très certainement l’un des meilleurs albums indés de la décennie), qui sort en mai 94. De nombreux critiques qui avaient encensé Frank Black un an auparavant négligent bizarrement ce monumental opus de vingt-deux titres, qui ajoute à la pop chatoyante de son prédécesseur une bonne dose de piment rock. Du coup, les ventes peinent à décoller, même en Europe. Charles comprend que, journalistes ou simples fans, la plupart des admirateurs des Pixies étaient disposés à lui pardonner une fantaisie solo, mais pas deux. Son amertume est d’autant plus grande que Kim et ses Breeders, de leur côté, ont fait un malheur avec leur deuxième LP…
L’année 94 n’est pourtant pas rose pour Kim. Un an après le triomphe de Last Splash, elle est lâchée par sa sœur Kelley, tombée dans la drogue, puis par Josephine Wiggs, et se voit contrainte de reprendre sa carrière solo à zéro. Qu’à cela ne tienne, elle recrute deux obscurs musiciens de Dayton, sa ville natale qu’elle n’a jamais vraiment quittée, pour fonder les Amps et enregistrer avec eux un album éponyme qu’elle a préparé et rodé seule chez elle (le meilleur de sa discographie d’après l’auteur de ces lignes).
L’année suivante, c’est Charles qui est lâché… par 4AD, pour résultats insuffisants. Mais le bonhomme a autant de ressort que son ex-bassiste. A peine largué par son label historique, il s’en va signer sur American Recordings, la prestigieuse maison de Rick Rubin. Et sort peu après The Cult of Ray (1996), une galette de bon gros rock, minimalement produite par lui-même, qui tourne complètement le dos à ses deux premiers albums solo. The Cult est un nouvel échec commercial, plus cinglant encore que Teenager. Charles est obligé d’enchaîner les concerts des deux côtés de l’Atlantique pour arrondir ses fins de mois, ce dont il ne se plaint pas trop d’ailleurs.
Loin de faire marche arrière, il décide de radicaliser son nouveau style en proposant, en guise de quatrième album, une douzaine de démos enregistrées avec les trois mercenaires (Lyle Workman, jeune prodige de la guitare, auteur des plus beaux solos de Teenager, David McCaffrey, basse, et Scott Boutier, batterie) déjà présents sur The Cult. C’en est trop pour American Recordings, qui a bien voulu fermer les yeux sur l’échec du Cult mais attendait quelque chose de différent pour se rassurer. Il faudra plusieurs mois à Charles pour dénicher un label disposé à sortir ses précieuses démos.
Frank Black and the Catholics – tel est le nom fantaisiste de son groupe, suggéré par sa femme Jean – sort finalement en mai 98 chez Play It Again Sam (en Europe) et SpinArt (aux USA). Bien que plus égal et plus agréable que The Cult, il attire surtout l’attention par son côté live et carré, qui le distingue nettement de la production du moment. Plutôt bien reçu par la critique, il n’a cependant pas droit à plus de quelques lignes dans une presse rock qui, à de très rares exceptions près, a décrété une bonne fois pour toutes que Frank Black ne pourrait jamais égaler Black Francis.
Charles n’en a cure. Tout heureux d’avoir retrouvé un label, il n’attend que quelques mois pour sortir, début 99, son cinquième opus solo, Pistolero, privé du génie de Lyle Workman mais consciencieusement servi par Rich Gilbert, guitariste polyvalent et expérimenté. Plutôt décevant malgré quelques titres inspirés et des riffs parfois redoutables, Pistolero semble en fait réunir les déchets de son prédécesseur (la plupart de ses titres ont d’ailleurs été composés en 1997, en même temps que ceux de Frank Black and the Catholics). Il est boudé par le public et descendu en flammes par la critique, qui n’attendait sûrement qu’un album moyen de Frank Black pour se déchaîner sur l’assassin des Pixies.
L’an 2000 est une année de maturation pour Charles comme pour Kim. Le premier négocie le virage musical le plus audacieux de sa carrière, tout en se cherchant un nouveau label européen (ce sera Cooking Vinyl) ; la deuxième s’apprête à ressusciter – enfin – ses Breeders, dans une configuration inédite, cette fois très masculine : Richard Presley à la guitare, Mando Lopez à la basse et José Medeles à la batterie…
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