Devinette : que fait un musicien qui vient de sortir un double album de 27 titres et qui a sept titres inédits sur les bras ?
1- Il les garde sous le coude pour les intégrer à son prochain album une fois qu'il en aura écrit quelques autres ;
2 - il sort un EP en édition limitée pour faire plaisir à ses fans ;
3 - il sort un album en édition limitée pour faire plaisir à ses fans, constitué des inédits auxquels il ajoute des titres live extraits de sa dernière tournée, et un DVD live en bonus, le tout pour le prix d'un album simple.
Si vous avez répondu "3", c'est que vous faites partie des fans de Frank Black (en même temps, si vous lisez Blacko...). Le père Thompson a décidé de jouer au père Noël en disséminant ses quelques nouvelles compos, tels des œufs de Pâques, dans une collection de titres live, couvrant toute sa carrière, enregistrés lors d'une tournée solo acoustique.
Passons rapidement sur le DVD, sympathique mais plutôt amateur dans sa réalisation, et que l'on considérera vraiment comme un bonus destiné aux fans (oui, oui, c'est nous).
Les nouveautés sont donc au nombre de sept : "(Do What You Want) Gyaneshwar", "She's My Way", "Demon Girl", "Dead Man's Curve", "The Water", "Radio Lizards" et "Don't Get Me Wrong". Deux d'entre elles ("Dead Man's Curve" et "The Water") sont proposées en version live. Les autres sont des enregistrements, réalisés en partie dans des chambres d'hôtel, de chansons que Frank Black destinait apparemment à un hypothétique futur album des Pixies - elles sont d'ailleurs créditées à "Black Francis". Si excellentes soient-elles, elles n'ont apparemment pas convaincu les autres Lutins.
Il faut reconnaître que si l'ambition du quatuor est de faire en 2007 un album qui sonne comme les Pixies de 1988, on a du mal à imaginer ce qu'ils auraient pu faire de ces folk-songs sous influence Neil Young ("Demon Girl") voire Bob Dylan ("The Water"). "Dead Man's Curve" est une ballade americana, par ailleurs fort réussie, et la version proposée ici de "Radio Lizards" rend manifestement (et magnifiquement) hommage aux plus belles harmonies d'un Brian Wilson. Introduit par de surprenants arpèges flamenco, "Gyaneshwar" est une véritable réussite, et "Don't Get Me Wrong" a tous les atouts d'une charmante pop song. On est bien loin de "Tame".
Quant aux chansons live, elles valent largement le détour, non seulement par la variété des "époques" visitées, des Pixies (avec la nouvelle version "gueulons un coup" de "Wave Of Mutilation" et l'inusable "Where Is My Mind") à "Raiderman" en passant par les Catholics avec "Bullet" ou encore, double cerise sur un gâteau déjà bien garni, l'exubérant "Massif Central" et l'exhumation fort bien venue de l'excellente B-side "Living On Soul".
On retiendra par ailleurs une version a cappella de "'Six Sixty Six" (fallait oser, ça passe) et de très sympathiques interprétations de "Nadine" et "Manitoba" sur lesquelles FB est rejoint par un accordéoniste.
Quant à la piste (mal) cachée, une "Song of the Shrimp" précédée d'une longue intro confuse dans laquelle on entend Frank répéter inlassablement au public qu'il n'entend pas ses requêtes, on n'en comprend pas vraiment l'intérêt, sinon de nous rappeler que le père Noël / Thompson est aussi un farceur.
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