Cela semble être une tradition désormais : commandez une b-side ou une bonus track à Charles, il vous pondra un album. Invité à écrire une face B pour l'hypothétique single She Took All the Money, extrait de Bluefinger, l'animal a finalement accouché (en une semaine !) d'un EP de sept titres, un mini-album-concept inspiré par des figures mythologiques aux origines ambiguës et au destin violent (Cuchulainn, Thésée).
Sorti sous le pseudo historique de Black Francis, Svn Fngrs, comme Bluefinger, semblait promettre un retour au mythique "son Pixies". Mais Black Francis, comme Frank Black, n'en fait décidément qu'à sa tête, et il suffit d'écouter le premier titre de la galette, The Seus, pour s'en apercevoir. Difficile, en effet, d'imaginer une chanson moins pixienne que cet imprévisible cocktail pop-funk-rap aux forts accents beckiens, voire chilipepperiens d'après certains. La suite, très variée, sonne comme une synthèse de la carrière solo de Frank Black : Garbage Heap et Half Man auraient facilement trouvé une place sur Devil's Workshop, Seven Fingers semble issu d'un croisement improbable entre Frank Black et Black Letter Days, The Tale of Lonesome Fetter a de délicieux accents Teenager, I Sent Away et When They Come to Murder Me renouent efficacement avec la tradition Catholics la plus électrique, tendance Pistolero.
Servi par la précision de Jason Carter, batteur et producteur inspiré, par la basse très affirmée de Violet Clark, alias Mme Black Francis dans le civil, et comme toujours par des mélodies imparables, Svn Fgrs accroche immédiatement l'oreille et les tripes, avec un sens de l'urgence certainement favorisé par son format modeste. A tous les critiques qui l'interprètent comme un "retour en forme", on a inévitablement envie de poser cette question : auraient-ils enfin découvert l'existence des coton-tiges après quinze ans de surdité obstinée ?
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