¡BLACKOLERO!

Frank Black, Black Francis, Pixies, Breeders

25 mai 2007

Back to Black (Francis)

Charles est en veine de confidences et heureusement, le service de presse de Cooking Vinyl est là pour les recueillir et les diffuser généreusement. À la veille de la sortie du single Threshold Apprehension, Frank Black raconte comment il est redevenu Black Francis. (Merci à Denis V.)


Qu’y a-t-il dans un nom ? Mon nom de scène m’avait été suggéré par mon père il y a une vingtaine d'années, alors que j’envisageais de chercher fortune dans le rock'n'roll. "Pourquoi tu ne t’appellerais pas BLACK FRANCIS ?" m’a-t-il dit. "Okay", ai-je répondu sans poser de questions. Quelques années plus tard, quand j’ai quitté mon groupe, les Pixies, j’ai décidé de changer symboliquement de direction et j’ai adopté le nom inverse : FRANK BLACK. Je me suis dit que j’avais eu raison quand une connaissance qui travaille dans la musique m’a raconté cette anecdote : juste avant cette époque, alors qu’il conduisait Warren Zevon à un concert, il lui avait dit qu’il transporterait le lendemain quelqu’un qui se faisait appeler BLACK FRANCIS, et Warren avait plaisanté : "Ce type devrait changer son nom en FRANK BLACK".

Je n’aurais jamais pensé revenir à mon ancien nom, mais au fond de moi, il me manquait. Je n’aurais jamais pensé retourner vers mon ancien groupe, mais j’ai découvert lors d’une tournée de reformation, il y a quelques années, que ses membres me manquaient, eux aussi. Mais ces souvenirs sont doux-amers, et tous ces préliminaires renouvelés consistant à jouer à nouveau les vieilles chansons de BLACK FRANCIS n’ont jamais culminé dans le coït de l’enregistrement d’un nouvel album. Certes, les sessions que nous avons réussi à organiser (pour une chanson de Kim et une reprise de Warren Zevon) ont été de bons moments, mais ces coups furtifs m’ont laissé un sentiment de malaise.

J’ai repris mon ancien nom en privé, si une telle chose est possible, comme pour blaguer. Je n’arrivais pas à réunir à nouveau les Pixies dans un studio, mais je pouvais toujours redevenir mon alter-ego d’antan. J’ai prononcé les syllabes magiques à voix haute et il ne s’est rien passé ; comme prévu. Peu après, mon nouveau manager m’a demandé une piste "bonus" pour un "best of" prévu dans l’année. Alors que je me préparais pour l’enregistrement, j’ai été investi par l’esprit d’Herman Brood (sérieusement), et en à peine quelques jours, la piste supplémentaire est devenue un album de 11 chansons intitulé Bluefinger. Merci, Herman. Tu as passé des années à la périphérie de ma vision, jusqu’à ce que soudain, ton influence m’envahisse comme un nuage d’opium, comme la fragrance de la maison du soleil levant. Joie ! Bonheur ! Béatitude ! J’avais prononcé les mots magiques et rien n’était arrivé, mais j’étais impatient - comme tant de gens, je pensais que la magie s’opérerait en un instant, comme dans les films. Mais la magie est plus subtile que ça. Et Herman Brood m’a retransformé en BLACK FRANCIS. Marrant comment les choses finissent par arriver. On ne peut jamais savoir.

John Lennon et Yoko Ono se sont installés au Hilton d’Amsterdam en 1969. Les Pixies ont donné leur premier grand concert en Hollande en tant que tête d’affiche en 1988. Herman Brood a reconquis le Hilton au nom de son pays en 2001, et j’ai l’impression d’avoir reconquis les Pixies, ou au moins moi-même, BLACK FRANCIS.

Warren Zevon et Herman Brood étaient tous deux de merveilleux pianistes. Et comme vous le savez, je suis dingue de Leon Russell. On m’a demandé un millier de fois quelles étaient mes influences et je ne sais jamais quoi répondre. Les pianos mécaniques sont cool – ils ont quand même posé les bases de la chanson pop de 3 minutes ! – mais alors même qu’ils menaçaient la position du pianiste, celui-ci tenait bon sur son banc et refusait de se laisser vaincre (et il ne sera jamais vaincu) par ces fantastiques machines. Je ne sais pas quelles sont mes influences, mais j’aime les pianistes qui ont tenu bon.

Black Francis
Mai 2007



Photos : Gregory A. Perez / KEXP.org

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2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Magnifique!

25/05/2007 13:40  
Anonymous Anonyme said...

Les PIXIES ne reviendront sans doute jamais mais à l'écoute du single de ce futur 'Bluefinger' on frissonne d'entendre cette puissance mélodique retrouvée et ce timbre unique. Bye Bye Frank Black - good to see you BLACK FRANCIS !!!

19/08/2007 21:20  

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