The Sun (oui, le tabloïd anglais) vient de publier sur son site web
une interview de Violet Clark, alias Mme Black Francis, alias 50 % de Grand Duchy.
Fidèles à notre tradition et dans le plus total mépris du copyright, nous vous en proposons une version française. Ne le répétez pas...
Simon Cosyns : Comment avez-vous rencontré Black/Frank/Charles (je ne sais pas comment vous l'appelez) ?
Violet Clark : Je sortais un soir et j'ai aperçu M. Black dans une allée derrière un club. Il descendait une rampe en traînant des amplis horriblement lourds, le visage en sueur. J'étais si atterrée que je suis allée droit vers lui et que j'ai dit "Vous vous foutez de moi. Vous êtes Frank Black, nom de Dieu! Il n'y a personne qui puisse porter vos amplis ?"
Quelle a été votre première impression ?
Il y a toujours eu des rumeurs comme quoi Frank Black était un peu puant, donc je m'attendais à ce qu'il me prenne de haut. Mais en fait, ma première, ma deuxième, ma troisième et ma quatrième impressions de lui ont été "Ouah, en fait c'est un ange !" Il était si terre-à-terre, très poli et extrêmement drôle.
C'est votre mari et le père de vos enfants... mais comment est-il en studio ?
Complètement différent ! Normalement mon mari est très facile à vivre, mais en studio il devient "M. Motivé". Pas de pauses, pas de blagues - on se concentre sur ce qu'on a à faire et on y va. Et il n'aime pas trop qu'on émette des doutes sur ses décisions.
Moi en revanche, en studio, soit je rigole comme une hystérique, soit je dis à Charles ce qu'il doit faire. C'est dur, parce qu'on a tous les deux tendance à vouloir diriger.
Je suppose qu'on finit par trouver un équilibre... non, c'est faux. On se rend mutuellement dingues.
Vous avez eu des disputes ?
Euh, oui. Mais on les a réglées, parce qu'on ne voulait pas que nos accrochages en studio débordent sur notre vie à la maison. On aurait du mal à fêter la sortie de notre disque si notre mariage s'était désintégré pendant qu'on l'enregistrait !
Vous aviez déjà fait de la musique auparavant ?
J'ai toujours voulu faire de la musique depuis que je suis petite. Ma mère m'achetait autant de petits synthés que ses moyens le lui permettaient, et je passais des heures à chanter devant la glace.
Au lycée, j'ai essayé de jouer dans des groupes, et j'ai détesté ça. Je me sentais ridicule et gênée. Alors je me suis rabattue sur mes études d'histoire de l'art et j'ai gardé mes ambitions musicales pour moi pendant des années.
Et puis, à 29 ans, la fameuse horloge biologique s'est remise en route ! Il me paraissait tout à coup essentiel de tenter ma chance. Alors j'ai fait un petit disque cette année-là, et j'ai rencontré mon futur mari le mois suivant.
D'où vient le nom Grand Duchy ?
Un grand duché, c'est une principauté dirigée par un duc ou une duchesse. Nous aimons l'idée d'habiter notre propre royaume, d'édicter nos propres règles.
Pour un Anglais, l'expression "petits fours" évoque de petites pâtisseries un peu écoeurantes. Sont-elles populaires aux USA ?
C'est marrant. Ici, il n'y a rien de plus exotique ! Ils ne sont pas faciles à trouver. J'aime les choses sucrées et j'ai toujours été obsédées par les petits-fours. Ils sont colorés, sucrés, ils ont plusieurs couches et plein de saveurs différentes. Ça symbolise sans doute quelque chose.
Pouvez-vous décrire l'ambiance de l'album ?
C'est difficile pour moi. Pour chaque chose qu'on peut dire de cet album, on peut aussi y trouver son opposé. Il est d'un romantisme primitif, mais il a aussi ses moments glamour. Il sonne New Wave, mais il y a aussi de grosses guitares brutes sur plusieurs chansons. Il est dur ici, doux là... très "choc des mondes".
Mais je me rends compte, en écoutant le produit fini, à quel point nous sommes allés vers le côté "pop", en ajoutant les synthés et en cherchant les refrains accrocheurs. Seeing Stars et Ermesinde sont deux exemples. Je dirais donc que c'est un album de "pop expérimentale".
Comment s'est passé l'enregistrement de Fort Wayne, la locomotive de l'album ?
Une journée magique au studio. Un magnifique jeu de chat. On a commencé avec un couplet de Charles à la guitare acoustique, on a surveillé les petits chacun son tour pendant que l'autre ajoutait des éléments. A la fin de la journée, on avait une chanson terminée.
Vous avez joué de tous les instruments vous-mêmes. Comment cela s'est-il passé ?
C'était vraiment libérateur et amusant... et, par moments, catastrophique (d'où le fait qu'une autre bassiste soit créditée sur Seeing Stars). [NDT : Silver Sorensen, membre de Guards of Metropolis et épouse de Jason Carter, qui a enregistré et mixé l'album.]
Certains perçoivent l'esprit des Pixies dans cet album, êtes-vous d'accord ?
Aucun de nous d'eux n'a recherché cela, ce serait idiot. Cela dit, je suis de cette génération, donc ça doit flotter dans l'air. Et puis il est logique que ce que fait Charles sonne un peu comme les Pixies, puisque tout cela vient de la même personne.
Étiez-vous une grande fan des Pixies ?
Pas leur plus grande fan, mais je les appréciais, et je suis allée les voir jouer quand j'étais à la fac. Mais pour être franche, j'ai été plus marquée par le premier album solo de Frank Black.
J'ai cru comprendre que vous aimiez les années 80 ?
J'adore la musique, toutes époques et tous genres confondus. Mais j'ai découvert la musique dans les années 1980, avec l'arrivée de MTV et toutes les choses excitantes que cela a apporté dans nos vies, je suis très nostalgique de cette époque.
La musique avait encore une certaine chaleur, c'était avant le tout-numérique. On pouvait entendre Hall And Oates, Prince, Madonna, Aerosmith, Joe Jackson et The Human League dans un seul bloc de rock. Ahhh...
Et Flock Of Seagulls ? (Quand même pas !)
Tout le monde les déteste. Mais je dis : oubliez leurs coupes de cheveux et contentez-vous d'écouter. Ces synthés sont magiques. Il y a un côté atmosphérique, spatial qui me fait vraiment de l'effet. Et puis si mes souvenirs sont bons, ils ont fait au moins trois mégatubes. Comment auraient-ils réussi cela s'ils étaient nuls ? [NDT : hum...]
Allez vous continuer à faire de la musique avec Black Francis ?
Nous avons très envie de faire des concerts. C'est juste une question de logistique. Nous allons continuer à enregistrer ensemble... en fait, on a déjà commencé à travailler sur l'album suivant.
Je crois que nous sommes en train de nous rendre compte, en tant que couple, que Grand Duchy n'est pas qu'un groupe, c'est un mode de vie.
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