Black Francis interviewé à l'île de Wight
En marge du concert des Pixies à l'île de Wight, en juin dernier, Black Francis a été interviewé par Absolute Radio. L'interview est disponible sur YouTube :
Et comme Blackolero vous aime, même si l'anglais et vous ça fait deux, voici une petite traduction à la volée.
Ça commence comme une conversation chez le coiffeur : "Vous êtes déjà parti en vacances en mobile home ?"
Black Francis : Quand j'étais petit on collait tout dans une Coccinelle et on partait à l'aventure. Maintenant, pour mes enfants, j'ai un monospace avec écran DVD. Dans la voiture, les gosses doivent être attachés comme s'ils allaient sur la Lune, c'est un peu claustro, alors on les occupe, mais on essaie de rester éducatif, on leur passe des documentaires scientifiques de la BBC. Mes gamins ont tous un accent de commentateur de la BBC maintenant, à force de voir des DVD sur les dinosaures !
Q : Les Pixies ont commencé cette tournée il y a quelques jours à Stockholm. Savez-vous qu'en Suède il existe plusieurs boîtes de nuit nommées "Debaser" ?
BF : Oui, en fait on a parcouru la ville à pied jusqu'à 5 h du mat' pour en trouver une et se prendre en photo devant. Ça me plaît d'être "greffé" dans le paysage culturel comme ça.
Q : Ça doit être un peu bizarre de savoir qu'à l'autre bout du monde, dans le Nord glacé, un lieu a été baptisé d'après une de vos chansons...
BF : Ouais, bon, c'est sympa, vous savez ?
Q : Pendant leurs dix ans d'absence les Pixies sont devenus quasi mythiques. N'est-ce pas intimidant ?
BF : J'imagine que c'est aussi une question d'âge, vous voyez ? "Ce samedi soir, au Fuddy-Duddy, les légendaires..." On fait partie du club des quadragénaires maintenant...
Q : Vous n'en êtes pas encore au stade où les vieux qui dînent à 18 h se retrouvent à table en même temps que les Pixies...
BF : Haha, non.
Q : Ressentiez-vous une forte pression pour être à la hauteur de ce statut de légendes ?
BF : Pas vraiment. On a répété et ça sonnait comme à l'époque, alors on savait qu'on n'aurait pas à rougir... On a simplement joué, comme on l'a toujours fait.
Q : Comment ça s'est passé la première fois que vous vous êtes tous retrouvés dans le même local et que vous avez pris vos instruments ?
BF : On a simplement joué comme on l'avait toujours fait. Je n'ai aucune anecdote intéressante. Certaines choses ne changent pas.
Q : A l'époque vous étiez plutôt adeptes du "Do It Yourself", Kim en particulier n'avait jamais vraiment joué avant (1). Aujourd'hui, ne serait-ce qu'en raison du temps qui a passé, vous devez être des musiciens plus accomplis.
BF : Nous avons acquis des réflexes... Je ne suis pas sûr qu'on soit devenus des virtuoses, je nous vois plutôt comme des diamants bruts.
Q : Êtes-vous heureux d'être un Pixie aujourd'hui ?
BF : Très heureux, oui. On dort dans de très beaux hôtels... mais on demande toujours à avoir du hoummous dans la loge. Ça fait 22 ans qu'on demande du hoummous quand on donne un concert.
Q : Vous étiez en avance sur votre temps pour ça aussi.
BF : On jouait au fin fond du Kentucky et ils devaient se dire "C'est quoi ce 'humus' qu'ils réclament ?" C'était avant Wikipédia, il fallait qu'ils aillent à la bibliothèque pour découvrir ce que c'était. Ils étaient obligés de le faire eux-mêmes, je ne sais pas ce qu'ils s'imaginaient qu'on en faisait, c'était juste un petit en-cas pour tenir le coup jusqu'au dîner... et ils nous faisaient d'immenses plats, cinq litres de hoummous plein d'ail, ils ne comprenaient pas et on devait leur dire "Non, il nous faut juste un petit bol..." Maintenant on en trouve partout et de toute sorte, mais bon, c'est quelque chose qui n'a jamais changé.
Q : On a même des restaurants spécialisés maintenant, ici au Royaume-Uni, comme Hoummous Brothers... et on ne savait même pas que ça aussi, on le devait aux Pixies !
BF : Mais bien sûr, nous sommes des pionniers !
Q : Vous venez de rééditer tous les albums originaux dans... ce n'est pas vraiment un coffret...
BF : Je crois que c'est une petite caravane, comme celle-ci [désigne le véhicule dans lequel se déroule l'interview], on peut la conduire...
Q : Et combien ça coûte ?
BF : Autour de 500 dollars US, je ne sais pas combien ça fait, 300 à 400 livres peut-être ? C'est grand, vraiment grand.
Q : Vous pourriez avoir du mal à trouver un endroit où le mettre si vous vivez dans un petit appartement...
BF : Oui... Je l'ai découvert il y a une paire de semaines chez moi, ils me l'ont apporté pour me le montrer.
Q : Ça s'appelle Minotaur.
BF : C'est ça... C'est comme ça que ça se prononce ? "Maï-notaur" ?
Q : Pourquoi, vous le dites comment ?
BF : Je disais simplement "Minotaur"...
Q : Je me trompe peut-être.
BF : Non, non, c'est sans doute moi qui ai tort.
Q : Ma seule source, ce sont des vieux films de Charlton Heston, Jason et les Argonautes...
BF : Ils le prononçaient sûrement comme il faut à l'époque. Je m'en tiendrai à "Maïnotaur".
Q : Et donc, ça sort demain ?
BF : Ils sont encore au travail dessus. Mais on peut le commander. Si vous voulez simplement les cinq albums, vous pouvez toujours les télécharger sur Internet, mais si votre truc c'est de collectionner des objets [en français dans le texte], c'est comme un de ces gros livres d'art bien lourds... Si vous avez 23 ans, ça ne vous intéresse probablement pas.
Q : Que pensez-vous de ce qui se passe en ce moment dans la musique ? L'industrie est en pleine panique, mais vous, est-ce que vous êtes heureux que des gens puissent découvrir vos chansons, choisir de vous voir sur scène... ?
BF : Je n'attends rien de personne. Je suis ici sur Terre, je fais de la musique et advienne que pourra.
Q : C'est sympa comme planète.
BF : Ouais, je crois que je vais rester.
Q : Est-ce que vous écrivez de nouvelles chansons avec votre casquette "Pixies", ou est-ce que vous gardez tout pour les Catholics, ou bien... ?
BF : Je n'ai pas une tête à casquette. J'en ai une d'Écosse que je porte quand il fait froid, mais je n'arrive pas à la garder bien longtemps.
Q : Je vous verrais bien avec un deerstalker.
BF : Un deerstalker ?
Q : Vous savez, la casquette de Sherlock Holmes.
BF : Ah, oui... J'aimerais habiter sur la lande, en fait.
Q : Où habitez-vous ?
BF : Je vis dans la version américaine de la lande, en Oregon. Ce n'est pas très peuplé par là.
Q : Vous êtes proche de la nature.
BF : Oui. On n'est pas vraiment à la campagne, mais elle nous entoure.
Q : Désolé pour la digression sur les casquettes et la nature... Est-ce que vous écrivez...
BF : ... de nouvelles chansons, oui. Par à-coups.
Q : Et ce que vous écrivez est destiné aux Pixies ?
BF : Je n'y pense pas en ces termes. On ne peut pas vraiment compartimenter, c'est trop intangible.
(1) Tous nos lecteurs savent que les Breeders existaient avant que Kim ne rejoigne les Pixies, Kim et Kelley jouaient dans des bars de bikers dans l'Ohio... Certes, si ma mémoire est bonne, Kim était guitariste et elle n'est devenue bassiste que pour répondre à l'annonce de Black Francis, mais ce n'était pas exactement Sid Vicious. (Retour à l'interview.)
Ça commence comme une conversation chez le coiffeur : "Vous êtes déjà parti en vacances en mobile home ?"
Black Francis : Quand j'étais petit on collait tout dans une Coccinelle et on partait à l'aventure. Maintenant, pour mes enfants, j'ai un monospace avec écran DVD. Dans la voiture, les gosses doivent être attachés comme s'ils allaient sur la Lune, c'est un peu claustro, alors on les occupe, mais on essaie de rester éducatif, on leur passe des documentaires scientifiques de la BBC. Mes gamins ont tous un accent de commentateur de la BBC maintenant, à force de voir des DVD sur les dinosaures !
Q : Les Pixies ont commencé cette tournée il y a quelques jours à Stockholm. Savez-vous qu'en Suède il existe plusieurs boîtes de nuit nommées "Debaser" ?
BF : Oui, en fait on a parcouru la ville à pied jusqu'à 5 h du mat' pour en trouver une et se prendre en photo devant. Ça me plaît d'être "greffé" dans le paysage culturel comme ça.
Q : Ça doit être un peu bizarre de savoir qu'à l'autre bout du monde, dans le Nord glacé, un lieu a été baptisé d'après une de vos chansons...
BF : Ouais, bon, c'est sympa, vous savez ?
Q : Pendant leurs dix ans d'absence les Pixies sont devenus quasi mythiques. N'est-ce pas intimidant ?
BF : J'imagine que c'est aussi une question d'âge, vous voyez ? "Ce samedi soir, au Fuddy-Duddy, les légendaires..." On fait partie du club des quadragénaires maintenant...
Q : Vous n'en êtes pas encore au stade où les vieux qui dînent à 18 h se retrouvent à table en même temps que les Pixies...
BF : Haha, non.
Q : Ressentiez-vous une forte pression pour être à la hauteur de ce statut de légendes ?
BF : Pas vraiment. On a répété et ça sonnait comme à l'époque, alors on savait qu'on n'aurait pas à rougir... On a simplement joué, comme on l'a toujours fait.
Q : Comment ça s'est passé la première fois que vous vous êtes tous retrouvés dans le même local et que vous avez pris vos instruments ?
BF : On a simplement joué comme on l'avait toujours fait. Je n'ai aucune anecdote intéressante. Certaines choses ne changent pas.
Q : A l'époque vous étiez plutôt adeptes du "Do It Yourself", Kim en particulier n'avait jamais vraiment joué avant (1). Aujourd'hui, ne serait-ce qu'en raison du temps qui a passé, vous devez être des musiciens plus accomplis.
BF : Nous avons acquis des réflexes... Je ne suis pas sûr qu'on soit devenus des virtuoses, je nous vois plutôt comme des diamants bruts.
Q : Êtes-vous heureux d'être un Pixie aujourd'hui ?
BF : Très heureux, oui. On dort dans de très beaux hôtels... mais on demande toujours à avoir du hoummous dans la loge. Ça fait 22 ans qu'on demande du hoummous quand on donne un concert.
Q : Vous étiez en avance sur votre temps pour ça aussi.
BF : On jouait au fin fond du Kentucky et ils devaient se dire "C'est quoi ce 'humus' qu'ils réclament ?" C'était avant Wikipédia, il fallait qu'ils aillent à la bibliothèque pour découvrir ce que c'était. Ils étaient obligés de le faire eux-mêmes, je ne sais pas ce qu'ils s'imaginaient qu'on en faisait, c'était juste un petit en-cas pour tenir le coup jusqu'au dîner... et ils nous faisaient d'immenses plats, cinq litres de hoummous plein d'ail, ils ne comprenaient pas et on devait leur dire "Non, il nous faut juste un petit bol..." Maintenant on en trouve partout et de toute sorte, mais bon, c'est quelque chose qui n'a jamais changé.
Q : On a même des restaurants spécialisés maintenant, ici au Royaume-Uni, comme Hoummous Brothers... et on ne savait même pas que ça aussi, on le devait aux Pixies !
BF : Mais bien sûr, nous sommes des pionniers !
Q : Vous venez de rééditer tous les albums originaux dans... ce n'est pas vraiment un coffret...
BF : Je crois que c'est une petite caravane, comme celle-ci [désigne le véhicule dans lequel se déroule l'interview], on peut la conduire...
Q : Et combien ça coûte ?
BF : Autour de 500 dollars US, je ne sais pas combien ça fait, 300 à 400 livres peut-être ? C'est grand, vraiment grand.
Q : Vous pourriez avoir du mal à trouver un endroit où le mettre si vous vivez dans un petit appartement...
BF : Oui... Je l'ai découvert il y a une paire de semaines chez moi, ils me l'ont apporté pour me le montrer.
Q : Ça s'appelle Minotaur.
BF : C'est ça... C'est comme ça que ça se prononce ? "Maï-notaur" ?
Q : Pourquoi, vous le dites comment ?
BF : Je disais simplement "Minotaur"...
Q : Je me trompe peut-être.
BF : Non, non, c'est sans doute moi qui ai tort.
Q : Ma seule source, ce sont des vieux films de Charlton Heston, Jason et les Argonautes...
BF : Ils le prononçaient sûrement comme il faut à l'époque. Je m'en tiendrai à "Maïnotaur".
Q : Et donc, ça sort demain ?
BF : Ils sont encore au travail dessus. Mais on peut le commander. Si vous voulez simplement les cinq albums, vous pouvez toujours les télécharger sur Internet, mais si votre truc c'est de collectionner des objets [en français dans le texte], c'est comme un de ces gros livres d'art bien lourds... Si vous avez 23 ans, ça ne vous intéresse probablement pas.
Q : Que pensez-vous de ce qui se passe en ce moment dans la musique ? L'industrie est en pleine panique, mais vous, est-ce que vous êtes heureux que des gens puissent découvrir vos chansons, choisir de vous voir sur scène... ?
BF : Je n'attends rien de personne. Je suis ici sur Terre, je fais de la musique et advienne que pourra.
Q : C'est sympa comme planète.
BF : Ouais, je crois que je vais rester.
Q : Est-ce que vous écrivez de nouvelles chansons avec votre casquette "Pixies", ou est-ce que vous gardez tout pour les Catholics, ou bien... ?
BF : Je n'ai pas une tête à casquette. J'en ai une d'Écosse que je porte quand il fait froid, mais je n'arrive pas à la garder bien longtemps.
Q : Je vous verrais bien avec un deerstalker.
BF : Un deerstalker ?
Q : Vous savez, la casquette de Sherlock Holmes.
BF : Ah, oui... J'aimerais habiter sur la lande, en fait.
Q : Où habitez-vous ?
BF : Je vis dans la version américaine de la lande, en Oregon. Ce n'est pas très peuplé par là.
Q : Vous êtes proche de la nature.
BF : Oui. On n'est pas vraiment à la campagne, mais elle nous entoure.
Q : Désolé pour la digression sur les casquettes et la nature... Est-ce que vous écrivez...
BF : ... de nouvelles chansons, oui. Par à-coups.
Q : Et ce que vous écrivez est destiné aux Pixies ?
BF : Je n'y pense pas en ces termes. On ne peut pas vraiment compartimenter, c'est trop intangible.
(1) Tous nos lecteurs savent que les Breeders existaient avant que Kim ne rejoigne les Pixies, Kim et Kelley jouaient dans des bars de bikers dans l'Ohio... Certes, si ma mémoire est bonne, Kim était guitariste et elle n'est devenue bassiste que pour répondre à l'annonce de Black Francis, mais ce n'était pas exactement Sid Vicious. (Retour à l'interview.)
2 Comments:
Merci beaucoup pour cette traduction!
J'allais le dire
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