¡BLACKOLERO!

Frank Black, Black Francis, Pixies, Breeders

17 octobre 2009

La tentation d'Avignon

Cette fois-ci, c'est plus qu'une rumeur (et ce n'est pas un poisson d'avril décalé, promis) : Charles et Violet cherchent une maison du côté d'Avignon.
Le leader des Pixies, qui avait fait plusieurs allusions à son désir de s'installer dans le sud de la France, a même prolongé son séjour chez nous après les deux concerts des Pixies à Paris afin de se consacrer à ses recherches immobilières. Comme il l'indique lui-même sur Twitter, il a sauté ce matin dans un TGV en direction d'Avignon.
De son côté, Violet a confirmé cette information à l'un de nos lecteurs, Julien (celui du t-shirt au tourteau – merci Julien !) lors d'un échange sur Facebook.
Conclusion : si vous connaissez une maison à vendre du côté d'Avignon, prévenez Black Francis ! Doit convenir à une famille nombreuse comptant deux rock stars.

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17 septembre 2009

Blog de rentrée !

Mis en ligne hier, voici le nouveau vidéo-blog de Black Francis.



Premier sujet abordé : Live in Nijmegen. La clé USB 2 Go, qui contiendra également des extraits vidéo du precore tournés par Jason Carter, sera bientôt en vente. Black Francis n'attend plus, dit-il, que l'accord de son manager.

Tout en signant de mystérieux imprimés à tour de bras, BF a répondu aux questions posées par les fans sur blackfrancis.net :
  • La chanson Demon Girl est-elle basée sur une histoire vraie ? Pas vraiment, elle s'inspire d'une légende populaire.

  • Peut-on acheter le poster vu dans le clip When They Come to Murder Me ? Non, cette affiche vient de la collection personnelle de Black Francis qui n'en possède qu'un exemplaire. "Mais si vous avez quelque chose de vraiment précieux à échanger, on pourra peut-être faire affaire, quelque chose comme... les clés d'une fermette en France" conclut BF en rigolant, "ou au moins deux caisses de Châteauneuf-du-Pape".

  • Les "mystérieux imprimés" que Black Francis est en train de signer feront en fait partie du coffret Der Golem : "C'est une espèce de livre que nous avons imprimé à l'ancienne, avec une presse..." Chacun d'entre eux sera numéroté (sur 500) et signé. Il y aura un CD audio de la représentation au Castro Theatre de San Francisco et un DVD du film avec, bien sûr, la bande originale signée Black Francis. "Nous espérons les sortir avant la fin de l'année, pour les fêtes. Car nous sommes des artistes mais c'est aussi un business ! Ce sera un très beau cadeau pour un être aimé ou pour soi-même, car il faut s'aimer soi-même parfois. Si on ne s'aime pas soi-même, on ne peut pas aimer les autres."

  • Le coffret Catholics ? "Mark Lemhouse a réalisé un artwork pour ça... Est-ce que ce ne serait pas cool si on avait toute la discographie des Catholics sur une clé USB ? Peut-être une grosse clé, comme une barre chocolatée Chunky."

  • La collaboration avec Eric Drew Feldman ? "Il y a toujours une collaboration en cours avec EDF."

  • Quelle chanson de Pere Ubu voudrait-il reprendre ? "N'importe laquelle du moment que David Thomas dit que je devrais la faire."

  • D'après Black Francis, le film Die Ehe der Maria Braun (Le Mariage de Maria Braun, 1979) évoquerait l'amour de Rainer Werner Fassbinder pour un cactus, et aurait inspiré la chanson du même nom, "écrite à l'époque où le film est sorti".

  • Alors qu'il répond à la question d'un fayot fan sur sa peinture, Black Francis se rend compte qu'il vient de signer deux livrets numérotés "89/500". "Il y a deux numéros 89 ! Ça ne va pas. Je vais barrer celui-là et écrire "90". Et voilà ! Il aura encore plus de valeur que les autres. J'écris aussi "Oops" dessus, ce sera plus mignon."

  • Qu'est-ce qui l'inspire aujourd'hui ? "La perspective d'avoir ma propre maison près d'Avignon."

  • Enfin, annonce Black Francis, "nous approchons de la barre des 10 000 amis sur notre page MySpace, et pour fêter cela nous allons organiser un petit concours. Je n'en dirai pas plus, surveillez le site."

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15 septembre 2008

Conversation avec Violet (troisième et dernière partie)

Blackolero : Parlez-nous de vos propres expériences musicales. Qu'est-ce que Dunmore ?

Violet Clark-Thompson : Dunmore1, c'est un peu mon Nine Inch Nails. Vous savez que ce "groupe" est en fait composé du seul Trent Reznor. C'est comme ça que Dunmore a commencé : c'était un nom de groupe pour désigner ce qui se résumait grosso modo à moi qui bricolais sur mes synthés et mon ordinateur, et qui faisais des EP. J'ai fini par m'identifier tellement à ce nom que ça devient un surnom maintenant, comme Pink ou je ne sais qui. Donc, ne soyez pas surpris quand vous verrez les crédits sur l'album de Grand Duchy.

Avez-vous trouvé un label pour l'album de Grand Duchy ?

Dieu sait que nous y travaillons. Mais nous tenons à cette idée romantique de passer par un label britannique ou européen, plutôt que par les canaux habituels.

De qui est composé Grand Duchy ?

Grand Duchy est composé de Dunmore Clark et Black Francis. Nous jouons de tous les instruments. Quoique je devrais attribuer le titre de citoyen honoraire à Jason Carter, pour ses encouragements infatigables et pour avoir mixé le disque.

Comment écrivez-vous les chansons ? Ensemble, chacun de son côté et vous les retravaillez ensuite ?... Ou peut-être que c'est vous seule qui écrivez tout ?

Tout ça à la fois. Certaines chansons sont exactement moitié-moitié, d'autres ont été écrites par moi et il est juste arrivé à la fin pour ajouter une fantastique partie de guitare. Parfois c'est ma musique et ses paroles, parfois l'inverse. La seule constante avec Grand Duchy, c'est que c'est une espèce de grande expérience surréaliste d'écriture automatique permanente, spontanée et joyeuse. Avec cinq enfants, on ne peut pas vraiment se permettre tout ce qu'on veut. Alors quand on a un studio réservé, on quitte la maison, on fonce dans la première cabine téléphonique venue pour enfiler nos costumes de super-héros alt-rock, et on va jouer à être artistiques et cool pendant quelques heures. Après quoi on reprend notre personnalité quotidienne juste à temps pour mettre les gosses au lit.

Par exemple, qui a écrit Fort Wayne ? Et comment la chanson s'est-elle retrouvée sur le Net ? Était-ce délibéré ?

Vous voyez, quand on commence à demander "qui a écrit quoi", ça se complique. Pour Fort Wayne, Charles a écrit la musique des couplets et les paroles qu'il chante. J'ai écrit la musique du refrain et mes propres paroles, y compris le passage parlé.

Quant à la fuite, je suis sûre que c'est dû aux "suspects habituels". Je réagis mal à ce genre de chose, mais rétrospectivement, cela semble avoir été une bonne chose, ou au moins un heureux accident, car ça a suscité un intérêt pour notre disque qui ne s'est jamais démenti !

Décrivez-nous la musique de Grand Duchy. Elle a été décrite comme "rafraîchissante" et "fun", mais à quoi ressemble-t-elle ?

Demander à un artiste de décrire sa propre musique est comme demander à un gorille de décrire le goût de ses propres roubignoles. Le gorille ne parviendra jamais à établir le contact entre sa bouche et ses couilles. Il en rêve, mais cela reste un rêve insaisissable.

Allez-vous essayer de faire une tournée à la sortie du disque ?

Un peu qu'on va tourner ! On ne mettra pas les gamins à l'école. On va parcourir le monde.

On a récemment pu lire sur blackfrancis.net que vous étiez déjà au travail sur un deuxième album de Grand Duchy. Où en êtes-vous ?

Nous avons beaucoup de titres non retenus pour le premier disque, plus quelques mixes de David J et des tas de petits bouts et d'amorces de nouvelles chansons.

Que s'est-il passé avec la chanson Black Suit ? Est-il vrai qu'elle auraît dû se retrouver sur la B.O. de Spider-Man 3, mais que vous l'avez livrée trop tard ?

Oui, nous l'avons terminée à la toute dernière minute, mais pour être franche elle avait été mixée dans la précipitation et le résultat n'était pas terrible. La chanson n'était pas tout à fait prête à l'époque. Elle est plus travaillée, plus polie maintenant.

En parlant de délais, Charles et vous devez avoir du mal à trouver le temps d'écrire et d'enregistrer. comment faites-vous ? Nous avons entendu des histoires : que vous écriviez des chansons entières en studio (comme Charles), que vous aviez enregistré des choeurs pour Bluefinger chez vous, pendant le petit déjeuner... Racontez-nous.

Comme je l'ai déjà dit, nous envisageons Grand Duchy comme un projet artistique, ou comme une séance de spiritisme : nous faisons appel à nos muses et suivons l'inspiration du moment.

La chanson pour laquelle j'ai chanté par-dessus un bol de céréales était She Took All The Money. J'ai enregistré ma voix sur un très vieux magnéto à cassettes, et c'est parti au studio en l'état. J'étais sceptique, mais au bout du compte, ça a donné à ma partie une texture vraiment intéressante.

Parlez-nous de l'hommage à The Cure. Comment en êtes-vous venus à y participer ? Avez-vu pu choisir la chanson ? Pourquoi avoir opté pour celle-là ?

Depuis la diffusion de Fort Wayne sur le Net, un certain label s'est mis à nous draguer, à flirter avec nous. Mais le temps passant, ils se sont rendu compte que nous avions la tête ailleurs et que nous visions peut-être plus haut. Alors le type a dit d'accord, vous ne m'offrez pas le disque de Grand Duchy, mais accepterez-vous de participer à cet hommage à The Cure ? Et comme je suis une vieille fan des Cure, comme nous tous je suppose, j'étais très excitée à l'idée de relever ce défi.

J'ai choisi A Strange Day parce que ce n'est pas une des plus connues, elle est plus obscure et c'est une de mes préférées. Maintenant que nous avons terminé l'enregistrement, je suis ravie du résultat! C'est vraiment marrant de voir comment nous avons pris cette chanson plutôt sombre, gothique, morbide pour la balancer dans la machine à "Grand-Duchy-fier". Maintenant c'est presque une chanson joyeuse.

Y a-t-il d'autres groupes que vous aimeriez reprendre ?

Oh oui ! Vous savez, quand on est jeune et qu'on a des étoiles dans les yeux, qu'on chante devant le miroir de sa chambre avec une brosse à cheveux en guise de micro, on commence par chanter les chansons des autres. Il y en a quelques-unes sur ma liste de "chansons dont j'aimerais faire une reprise un jour". A Face In The Crowd des Kinks et European par A Flock Of Seagulls sont au sommet de cette liste. Restez à l'écoute.

Jouez-vous d'autres instruments à part la basse et les claviers ?

Eh bien ce sont les deux dont je peux dire que je sais à peu près jouer. Je fais semblant de jouer de la batterie sur Petits Fours.

Bien entendu, en tant que Français, nous sommes particulièrement intéressés par l'élément "européen" de Grand Duchy. Le nom du groupe fait allusion à un petit État d'Europe du Nord, le titre de l'album est en français, vous avez même un bout de texte en français dans Fort Wayne... Évidemment, nous sommes ravis que vous nous aimiez tant, mais d'où est-ce que ça vient ?

Hum, je ne sais pas. Je crois que c'est vraiment nous. L'Europe est imprégnée d'histoire et de mystère. L'Amérique est imprégnée de ___________ (je vous laisse finir). Donc, voilà, nous sommes europhiles. Anglophiles. Francophiles. Tout me va.

J'ai étudié le français, mes enfants étudient le français. Le français est une langue magnifique et sexy.

Notre truc, c'est d'être des citoyens du monde. Nous voulons créer un univers parallèle où nous serions le roi et la reine de notre propre micro-nation où tout serait cool.

Y a-t-il une once de vérité dans la rumeur (que nous avons bien entendu répandue sans vergogne) selon laquelle vous finirez par vous installer en France avec toute la famille?

Oui.


Propos recueillis et traduits par jediroller


1 Rappel : une chanson de Dunmore figure dans le podcast de FrankBlack.net, épisode 21. (Retour à l'interview.)


Lire la première partieLire la deuxième partie

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19 février 2008

Black Francis : "Il faut devenir sa propre chaîne de télé"

Disons-le d'emblée : nous classons cette interview dans la catégorie "peut mieux faire". Certes, nous l'avions préparée. Certes, nous avions nos questions sous les yeux et Black Francis en face de nous. Il n'y avait plus qu'à... L'entretien, prévu après le concert dans le confort du tour bus, a finalement eu lieu pendant la performance de Bobbie Peru, dans une loge bruyante, au milieu d'un défilé incessant de musiciens et autres roadies. Loin de nous cependant l'idée de nous plaindre : nous avons quand même eu droit à vingt minutes en compagnie du King. Suffisamment de temps pour lui poser quelques questions plus ou moins préparées (dont une ou deux furent habilement esquivées)... et de renoncer à beaucoup d'autres.
Affable et un brin énigmatique, il nous met immédiatement à l'aise (tu parles !) en nous révélant tout de go qu'il lit régulièrement Blackolero...

Blackolero - Quel est votre niveau de français ?

Black Francis - Affreux ! J'en sais assez pour lire, mais pas pour parler.

Blackolero -
Mais nous savons tous que vous finirez par vous installer en France...

Black Francis - Je veux habiter dans l'ancien appartement d'Alexandre Gustave Eiffel, celui qui est en haut de la tour. Vous savez qu'il avait un appartement là-haut ? Imaginez ça, habiter en haut de la tour Eiffel ! C'est dingue. Ce serait comme vivre au sommet du Sacré-Coeur ou je ne sais quoi.

Blackolero - Nous avons été un peu surpris par cette idée de "precore" qui a semblé surgir de nulle part. D'où vient cette idée ? Est-ce parce que vous ne pouviez pas, ou ne vouliez pas, faire de rappels, histoire de quand même donner quelque chose aux fans ?

Black Francis - Non, ce n'est pas tout à fait ça. J'entends dire que tous les autres artistes sont en tournée en ce moment, encore plus que d'habitude, parce que personne ne vend de disques. C'est ce qu'on dit. Personnellement, j'ai l'habitude de vendre peu de disques, je fais des petits disques [petit rire]... Quoi qu'il en soit, ça m'a fait réfléchir. Je suis conscient de cette concurrence : quand la route est encombrée, on en entend parler. On vous dit "Ton concert ne se vendra pas bien ce soir, parce que ce soir il y a Untel ou tel groupe qui joue..." Mais maintenant, on me dit "Tout le monde est en tournée, il y a encore plus de concurrence." Et je me dis, comment puis-je faire en sorte que les gens parlent de mon concert ? Que puis-je faire pour provoquer des conversations : "Tu vas au concert ? Non, j'y vais pas, et toi ? Tu vas au concert ?"... Comment faire en sorte que la discussion porte sur mon concert ? Alors j'ai lancé un petit site web, et maintenant je peux contacter les fans à travers ce site et proposer une sorte de rendez-vous. On se retrouve à tel endroit, à 5 heures...
Je pense que ça vient de là, essayer d'interpeller les gens. On ne s'est pas tellement impliqués là-dedans, mais je demandais même: "Quel est votre bar préféré ? Quel est votre café préféré ? Votre librairie préférée ?" parce que ce sont les choses que cherche un musicien en tournée. Peut-être pas à Paris, là, évidemment, on a l'embarras du choix, mais si on est à Lille ou dans une autre ville plus petite, on peut avoir envie de savoir s'il y a un bon restaurant thai dans le coin. Les musiciens sont à la recherche de ce genre de chose, comme tout le monde. Ce n'est plus seulement "moi et mon concert", ça devient "Je viens dans votre ville, et je vais faire des tas de choses dans votre ville. Je vais boire des expressos dans votre ville, je vais manger de la cuisine thaïe dans votre ville, je vais donner un concert dans votre ville, je vais faire un precore dans votre ville !" C'est cette idée de... "nous voilà !" Bref, les precores étaient l'idée la plus forte du lot, parce qu'ils impliquent une performance musicale, et je ne me rendais pas compte qu'il y aurait autant de monde, parce que je n'ai pratiquement eu aucune réponse sur le site ! Vous savez, juste un type qui a dit "Pourquoi ne pas le faire ici ?", mais c'était la seule réponse ! [NDLR : ici, Black Francis est soit mal informé, soit injuste avec ses fans parisiens, notamment notre ami Rémi qui avait fait plusieurs suggestions.] Alors qui sera là ? Ce type ? Peut-être deux autre types ? Peut-être cinq mecs bourrés ! Je me suis dit bon, j'ai déjà dit que j'y serais, alors j'y serai. Et finalement beaucoup de monde est venu à certains de ces pré-concerts, c'était vraiment intéressant. D'une certaine manière, on a dépassé le pouvoir de l'Internet, c'est le pouvoir du SMS, le pouvoir du portable ou que sais-je. Est-ce que j'en ai beaucoup parlé sur le forum ? Un petit peu, pas tant que ça.

Blackolero - Donc vous avez créé le site pour être plus proche des fans, créer de l'interaction ?

Black Francis - Dans le monde de la musique aujourd'hui, il faut devenir sa propre chaîne de télé. Il faut tout faire. Pas forcément 24 heures sur 24, mais on ne peut plus se contenter de faire des disques et des concerts. Il faut participer, il faut faire "Youhou ! Youhou ! Regardez ça, regardez ce truc que j'ai écrit !", avec des types de contenus différents. Il faut que les gens restent branchés sur votre chaîne une fois qu'ils vous ont découvert. "Ah, j'aime bien cette chaîne, je reviendrai voir ce qui s'y passe." D'un côté, ça paraît un peu épuisant, mais de l'autre, je me dis ma foi, si je peux faire en sorte que ça reste axé sur la musique, ça peut marcher. Ça pourrait même être intéressant. J'essaie des choses, comme beaucoup d'autres. Qu'est-ce qu'on fait de ce nouveau média ? Pouvoir tourner une vidéo sur son téléphone portable et la mettre en ligne le même jour, c'est quand même génial. C'est agréable de voir toutes les règles disparaître. "Devinez quoi ? Plus de règles !" C'est super.

Blackolero - C'est comme une nouvelle version de la vieille éthique punk : faites-le vous-même, devenez le média.

Black Francis - Ouais ! J'adore ça ! Si j'avais plus d'énergie et de temps, je ferais... Je me dis toujours "Oh, ce soir je vais rester debout pour faire une vidéo" ou autre chose. Parfois je le fais, parfois non. C'est intéressant, c'est marrant. J'ai enregistré quelque chose il y a deux jours... je me dis que je le mettrai peut-être sur une page MySpace, ou sur YouTube si je veux... Je n'ai même pas besoin de le mettre sur mon site, je peux le mettre sur d'autres sites ! Celui qui me fascine vraiment, c'est YouTube, c'est comme un média à l'intérieur du média. C'est celui sur lequel tout le monde se précipite, au moins en ce moment. Comparez votre site à MySpace, MySpace est tellement plus gros, et comparez MySpace à YouTube... On a tellement de connexions ! Du genre, 20 000 visites pour mon petit clip maison ! Ouah ! 20 000 visites ! Je ne sais pas si 20 000 personnes vont acheter mon disque, mais ce sont 20 000 personnes qui ont été exposées à ma musique, ma vision ou tout ce qu'on veut. Donc on se dit "Ouais, je vais faire ça."

Blackolero - Qu'est devenu Frank Black ? Reviendra-t-il un jour ?

Black Francis - Je ne sais pas, je ne planifie pas vraiment tout ça. Rien n'est écrit à l'avance.

Blackolero - La musique est-elle différente ? Pensez-vous que certaines chansons étaient plus adaptées à Frank Black et que maintenant, vous être plutôt d'humeur "Black Francis" ?

Black Francis - Ce n'est pas à moi de juger, je me contente de faire les choses. Peut-être que ça sonne différemment, je ne sais pas. Les gens semblent penser que c'est le cas, mais je ne sais pas vraiment. Je ne fais rien consciemment. Il s'est trouvé que sur les deux premiers disques que nous avons faits, il n'y avait pas de deuxième guitariste. Pas d'autre guitare, pas de piano, rien, juste un trio. Est-ce que ce sera toujours comme ça ? Je ne sais pas, peut-être. Je ne planifie rien.

Blackolero - Vous pourriez être Black Francis et jouer avec un orchestre.

Black Francis - Bien sûr ! Mais je ne le ferai peut-être pas. Ou peut-être que je ne ferai jamais appel à d'autres guitaristes. Je n'ai pas de plan.

Blackolero - Il me semble que vous avez dit une fois que vous aimeriez jouer avec un grand orchestre.

Black Francis - Tous les musiciens ont envie de jouer avec un orchestre. C'est cher [petit rire].

Blackolero - Peut-être que le nom a influencé la façon dont les gens ont entendu les chansons. Si vous les aviez sorties sous le nom de Frank Black, peut-être que moins de critiques se seraient réjouis du "retour au son Pixies".

Black Francis - Oui, en fait je suppose que c'était un peu voulu. Une petite manipulation de ma part.

Blackolero - Quand Bluefinger est sorti, la plupart des critiques l'ont salué comme un "retour en forme". Ils s'attendaient sans doute à ce que la suite soit du même tonneau - de l'indie rock avec cris et distorsion. Au lieu de ça, vous sortez un remix funky, presque hip-hop de The Seus... Comment réagissez-vous aux attentes à votre égard ? Est-ce quelque chose qui vous touche ?

Black Francis - Non, parce que je n'y peux rien. Leurs attentes n'ont rien à voir avec ce que je fais. Je n'ai même pas d'attentes, je me contente de faire les choses ! Je n'ai pas de plan ni de vision, je ne me dis pas "Ce disque-là, je vais essayer de le faire de cette manière." Non ! Ce n'est pas comme ça qu'on écrit de la musique. On attrape une guitare et on joue, et parfois il se produit quelque chose. On ne reste pas assis toute la journée... Peut-être que certains font comme ça, et c'est ça que les gens ne comprennent pas. Ils s'imaginent que tous les musiciens décident en toute conscience de la direction qu'ils vont faire prendre à leur musique. Ça ne marche pas comme ça pour certains musiciens, dont je fais partie. Donc, si quelqu'un a des attentes... c'est très bien, mais ça n'a rien à voir avec moi ! [rires] Je n'y peux rien, je ne peux pas m'adapter, je ne peux pas dire "Oh, vous voudriez que je fasse ça ? D'accord, je vais le faire." Ce serait comme [il mime] verser de l'eau sur le feu ! Il n'y a plus d'étincelle créatrice, ça revient à me donner une douche froide ! [petit rire] Le feu s'éteint si vous faites ça.

Blackolero - Qui a eu l'idée du remix de The Seus ? Charles Normal ?

Black Francis - Je crois que c'était une demande de la maison de disques. Il y a eu d'autres remixes, plus délibérément dansants, faits par d'autres groupes, Bloc Party et Infadels. La chanson est presque méconnaissable.

Blackolero - Vont-ils paraître ?

Black Francis - Oui.

Blackolero - Le mini-album est-il issu de ce seul single ? Vos disques semblent pousser tout seuls à partir d'une seule session, une seule chanson. Tout à coup vous tenez quelque chose, et vous ne vous arrêtez plus.

Black Francis - Depuis que j'ai des enfants, je ne peux plus passer autant de temps en studio, donc quand j'en ai l'occasion, j'y mets tout ce que j'ai. D'une certaine manière c'est une bonne chose, les enfants m'obligent à être plus créatif parce que j'ai moins de temps à consacrer à ça. Je ne peux pas passer mon temps à réfléchir à ce que je vais faire. Parfois j'entre en studio sans avoir de chansons ! Disons que j'ai une chanson, et je leur dis "OK, préparez le micro, j'y vais dans cinq minutes. Laissez-moi seul cinq minutes." Et là j'y vais, j'écris ma chanson. Composer du rock n'est pas la même chose que de composer du classique. [Il bat la cadence sur ses cuisses en chantonnant] "Dadadada-dat-dat", ça fait une chanson ! Ça peut être très primaire, très simple. Avec les mêmes éléments de base, on peut aussi faire des choses très complexes, mais on peut aussi utiliser des éléments très simples et arriver à un résultat qui soit quintessentiellement très rock and roll. Vous avez plus de chances d'arriver à ce résultat en utilisant les éléments de base les plus simples.

Blackolero - En parlant d'enregistrer à la moindre occasion, on nous a dit que vous aviez enregistré quelque chose pendant cette tournée, notamment à Manchester avec Ding [Archer, bassiste de Bobbie Peru, et de Frank Black sur la précédente tournée européenne]... Sur quoi travaillez-vous ?

Black Francis - Une chanson pour ma femme pour la Saint-Valentin... Avec Ding, c'était à la demande du NME, un truc promotionnel. C'est quelque chose que j'aime faire. C'est un peu dur parce qu'on a peu de temps et qu'on est fatigué, le résultat n'est pas toujours génial. Enregistrer en tournée, ce n'est pas toujours ça. Parfois on tape juste, mais ça peut tout aussi bien être... intéressant, mais pas génial.


Propos recueillis par jediroller et Ray la Manta, le 16 février 2008 à l'Élysée-Montmartre
Traduction : jediroller


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